Des paramètres nouveaux seront pris en compte
De nos jours, l'intelligence territoriale démontre le saut qualitatif vers une notion conceptuelle plus élargie. Mais si celle-ci affirme quelque peu un caractère flou, mouvant, vis-à-vis de toute position positiviste, il n'en demeure pas moins qu'elle permet en revanche de penser et de communiquer par rapport à la complexité, à l'incertitude du monde socio-économique contemporain.
Par référence à l'intelligence économique, comprise comme une démarche organisée au service du management de l'entreprise, l'intelligence territoriale joue sur le rapprochement de l'intelligence comme processus cognitif et d'organisation de l'information, et le territoire comme espace de relations signifiantes.
Plus qu'un concept, c'est donc une grille de lecture innovante du monde contemporain.
Dès lors, des paramètres nouveaux seront à prendre en compte, entre autres, l'appropriation des savoirs et la création par ce biais d'une méta-intelligence, susceptible de constituer l'élément moteur du développement régional, qui n'implique pas seulement la disponibilité de ressources financières, mais également la création d'un climat culturel et apolitique approprié.
Concrètement, et à partir de principes et méthodes à la portée de toutes les organisations, l'intelligence territoriale a pour fonction la transformation de l'intelligence et de la compétence individuelle en intelligence et compétence collective. C'est aussi la transmission de la recherche vers les publics intéressés, de nouveau rapports entre culture et innovation à l'échelle des régions, l'intégration des nouvelles pratiques dans le développement.
A première vue, l'on conçoit aisément que le concept d'intelligence territoriale n'est pas facile à aborder.
Non pas parce que les obstacles sont insurmontables, mais parce que les acteurs n'avaient pas pris la mesure de la rupture sociétale.
Pourtant, les obstacles ne sont pas infranchissables. Il s'agit d'avoir tout simplement l'ambition de mettre en œuvre cette intelligence territoriale et des dispositifs d'intelligence
collective.
Sans plus tomber dans la naïveté ou le leurre du "centre", lieu unique des ressources en information et des orientations et stratégies de développement, des efforts sont entrepris dans le cadre de la décentralisation.
A l'échelle des régions, il est prévu même de constituer les réseaux et les plates-formes qui permettront aux acteurs de s'ajuster bien plus directement et ce, de manière pertinente. L'effort à entreprendre sur ce plan est assurément considérable, tant les enjeux
sont importants.
Le tournant consisterait donc à raisonner autrement que dans les termes traditionnels des pouvoirs institués et des attributions délimitées.
Néanmoins, l'on retiendra que l'intelligence territoriale est dans une première approche l'utilisation de l'organisation des outils de l'intelligence économique au développement des territoires, voire à leur attractivité.
Certes, dans le moment présent, c'est la compétition économique qui l'emporte, mais le fait de disposer et d'utiliser largement des outils et des méthodes de plus en plus puissants conduit à mettre en évidence une divergence entre les finalités strictement économiques des entreprises et le devenir socio-économique des régions politiques, qui devront s'organiser différemment si elles veulent maintenir un équilibre social permettant le développement au sens strict de l'économie.
Il n'y a pas à proprement parler de conflits entre ces approches, mais à un moment donné, une analyse strictement basée sur les pratiques
économiques ne pourra plus apporter de solutions valables au niveau du développement.
Des paramètres nouveaux seront à prendre en compte, entre autres l'appropriation des savoirs et la création par ce biais d'une méta-intelligence, susceptible d'être alors l'élément moteur du développement régional.
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Les facteurs de changement
Relation ternaire, l'intelligence territoriale implique des acteurs collectifs, des champs de développement, des processus et des réalisations avec des synergies basées sur des réseaux relationnels, l'élaboration de conceptions et de visions conjointes et la constitution de supports d'action.
Et la coordination des actions requiert une forte capacité à saisir les variations et les réactions environnementales à chaque étape d'exécution d'une stratégie, afin de repérer les facteurs de changement et de réévaluer la stratégie et d'en tenir compte.
Latifa Cherkaoui | LE MATIN