MANCHESTER (AFP) - Prenant à peine le temps d'analyser leur échec ou de savourer leur victoire dans l'Iowa jeudi, les prétendants à la Maison Blanche ont déplacé vendredi la bataille pour l'investiture de leur parti vers le petit Etat du New Hampshire (nord-est).
Les deux grands vaincus de la première consultation électorale de l'année ont été les premiers à tenter de reprendre le dessus: dès 2h du matin l'ex-gouverneur républicain du Massachusetts Mitt Romney était à pied d'oeuvre, devançant de quelques heures l'ex-Première dame Hillary Clinton, engagée dans la plus dure bataille politique qu'elle ait jamais livrée.
Auréolé de sa large victoire de la veille, le jeune sénateur démocrate de l'Illinois Barack Obama avait prévu pas moins de trois réunions publiques dans la journée, décidé à transformer l'essai de l'Iowa (centre) dans le petit Etat libertaire du New Hampshire, en Nouvelle-Angleterre.
Jeudi soir, M. Obama a devancé largement aux assemblées électorales (caucus) démocrates de l'Iowa l'ex-candidat à la vice-présidence John Edwards, qui se présente aujourd'hui comme "le candidat du peuple", Mme Clinton arrivant 3e.
Mais il aborde les primaires du New Hampshire de mardi handicapé par des sondages qui favorisent Mme Clinton, créditée d'une moyenne de 7 points d'avance par le site internet RealClearPolitics.
Dès son arrivée dans le New Hampshire, M. Obama s'est attaqué sans la nommer à sa rivale, qu'il juge représentative de l'"establishment" de Washington avec lequel il affirme vouloir rompre. "Le vrai risque est de reprendre toujours les mêmes pour faire toujours la même chose, rejouer sans arrêt le même jeu en espérant un résultat différent", a-t-il déclaré, ajoutant: "C'est un risque que nous ne pouvons pas prendre. Il est temps de tourner la page".
Mme Clinton peut de son côté espérer qu'un nouveau débat télévisé prévu samedi soir, un exercice auquel elle excelle généralement, lui permette de faire oublier sa contre-performance de jeudi, et relancer sa campagne comme son mari Bill Clinton y était parvenu en 1992.
Elle a affiché son "optimisme", tandis que son entourage visiblement sous le choc évoquait un "marathon" pour le choix du candidat démocrate. L'Iowa ne représente qu'"un seul Etat parmi 27" appelés à se prononcer en un mois, a souligné son conseiller Terry McAuliffe. "Hillary Clinton sera la candidate" démocrate à l'élection du 4 novembre, a-t-il assuré.
Côté républicain, l'ex-gouverneur et pasteur baptiste de l'Arkansas Mike Huckabee, vainqueur dans l'Iowa, pourrait avoir plus de mal à convaincre les libertaires du New Hampshire. Vendredi il n'entendait rien changer au style bonhomme qui l'a si bien servi jusqu'ici.
"Je vais continuer à dire les choses comme je les pense", a-t-il promis sur la chaîne de télévision Fox News, convaincu que "les gens recherchent quelqu'un qui non seulement épouse leurs vues, mais qui a le contact". "Ils préfèrent le gars avec qui ils travaillent plutôt que le type qui les a virés", a-t-il ajouté, dans une critique de son principal rival Mitt Romney, un brillant homme d'affaires.
La course à l'investiture républicaine apparaît plus incertaine que jamais.
La faiblesse révélée dans l'Iowa de Mitt Romney pourrait faire les affaires d'un vétéran du terrain, l'influent sénateur John McCain, qui domine les sondages localement.
Pour l'ex-maire de New York Rudolph Giuliani, il s'agira d'éviter de sombrer avant que les gros Etats sur lesquels il mise, comme la Floride (sud-est), se prononcent à leur tour à la fin du mois.
En première réaction, la Maison Blanche a estimé que les caucus avaient été "passionnants" mais qu'ils ne constituaient pas un test de la popularité du républicain George W. Bush.
L'élection présidentielle américaine est prévue le 4 novembre.